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SEXE, GENRE, ESPECE ET EVOLUTION 

Co-Animateurs-Animatrices :

  • Raphaëlle Chaix (EA – UMR 7206, Paris)
  • Mathilde Dufay (CEFE – UMR 5175, Montpellier)
  • Gabriel Marais (LBBE – UMR 5558, Villeurbanne)
  • Sébastien Villote (PACEA – UMR 5199 Bordeaux)

 

La reproduction sexuée et l’ensemble de ses manifestations sont très étudiés depuis les débuts de la biologie évolutive. Dans notre espèce, les travaux sur la question mobilisent à la fois les biologistes et les sciences humaines. Nous allons nous concentrer dans cet atelier sur les développements nouveaux et essayer d’anticiper quelle sera la recherche future dans ce domaine.

Pendant la dernière décennie, les connaissances sur la détermination du sexe et son évolution ont beaucoup progressé. Les chromosomes Y (et W) sont restés en dehors de la 1ère phase de la révolution génomique à cause de blocages techniques et méthodologiques. Avec les NGS et le développement de nouvelles méthodes bioinformatiques, ces blocages ont été levés et l’étude des chromosomes sexuels s’est fortement accélérée, notamment dans des groupes où ils étaient très mal connus (amphibiens, plantes, poissons, reptiles). Ces avancées permettent à la fois de comprendre comment les sexes sont déterminés dans le vivant et comment l’évolution de ces mécanismes s’est faite. Elles permettent également d’envisager d’inclure les chromosomes sexuels aux grandes synthèses sur l’évolution des génomes qui ont suivi la révolution génomique. Une vision exhaustive de la détermination du sexe dans le vivant peut également servir d’outil, par exemple pour tenter de prédire l’impact de changements environnementaux sur la reproduction des espèces.

Un intérêt particulier sera porté aux interactions entre facteurs génétiques, environnementaux et sociaux-culturels influençant les différences phénotypiques et comportementales mâles-femelles. Ces interactions pourront être étudiées sur le temps long de l’évolution (eg sélection sexuelle et sélection sexuellement antagoniste, des mécanismes ayant des fonctionnements en partie comparables entre phyllums très différents comme les plantes et les animaux, vertébrés comme invertébrés), mais aussi à l’échelle de la vie de l’individu. De nouvelles recherches mettent ainsi en lumière l’influence des facteurs environnementaux et socio-culturels sur l’expression de gènes modulant les différences phénotypiques et comportementales mâles-femelles, notamment via des mécanismes épigénétiques (instinct maternel par exemple). L’étude de ces interactions permettra une meilleure compréhension de la plasticité du sexe et du dimorphisme sexuel en fonction du contexte environnemental et/ou socio-culturel, et ainsi de s’extraire des oppositions simplistes entre nature et culture dans les débats sur le déterminisme du sexe et du genre. Ces études pourront également nous informer sur les facteurs expliquant l’évolution actuelle de la santé reproductive dans les populations humaines (augmentation des individus intersexués, baisse du nombre de spermatozoïdes chez les hommes, etc…), ainsi que sur les différences de vieillissement et longévité entre hommes et femmes.

L’archéologie française intègre désormais les études de genre dans ses problématiques. L’évolution de rapports de genre dans le temps et l’espace fait ainsi l’objet d’un nombre grandissant d’études, notamment grâce à l’essor de l’ADN ancien. La confrontation des données génétiques, anthropobiologiques et archéologiques permet de documenter certains faits sociaux spécifiques aux hommes et aux femmes (divisions des tâches, systèmes de parenté, mobilité, etc…) dans les populations du passé et d’en discuter les dynamiques. Ces travaux favorisent le développement d’une approche multidisciplinaire biologie / SHS, nécessaire mais trop rare sur ces questions, et veillent à sortir des discours androcentrés (« man the hunter »…). Des données issues de la primatologie et de l’éthologie apportent également de nouvelles informations sur l’origine évolutive de ces traits sociaux liés au sexe. Ces études permettront de développer une vision holistique sur la question sexe/genre et de tester grâce à ces nouvelles données des hypothèses anthropologiques classiques (origines des divisions du travail, de la patrilocalité, de la famille nucléaire, de la monogamie, de la domination masculine, etc…).

L’intérêt pour les questions relatives au sexe, au genre et à la sexualité (notamment leurs définitions, variations et interactions) s’est accru considérablement dans les dernières années et celles-ci représentent actuellement des enjeux sociétaux extrêmement importants. Il en découle que sur ces sujets, les relations entre sciences, technologies, et société sont complexes : les données scientifiques alimentent le débat public, l’orientation des politiques de recherche évoluent en fonction de ce débat, les avancées techniques, notamment médicales, soulèvent régulièrement de nouvelles questions au sein de la société, etc...

 

CS INEE : Bruno Maureille, Evelyne Heyer, Patricia Gibert

CNRS-INEE : Dominique Joly, Fabienne Aujard, Stéphane Blanc

 

CONSULTER LES CONTRIBUTIONS https://prospectives21.sciencesconf.org/browse/session?sessionid=63841

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