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APPROCHE GLOBALE DES ETHIQUES DANS LES RELATIONS SOCIETES/NATURE

Co-Animateur-Animatrice :

  • Rémi Beau (IEES – UMR7618, Paris)
  • Catherine Aubertin (PALOC-UMR IRD/MNHN, Paris)

 

L’urgence écologique et la pandémie de Covid 19 nourrissent la réflexion sur les impacts du mode productiviste et extractiviste que les sociétés occidentales imposent à la « nature » réduite à son utilité marchande. Les rapports appelant à l’adoption de manières d’habiter la Terre moins destructrices pour la nature et à la réorientation des trajectoires de développement des sociétés humaines vers des modèles soutenables sur le plan écologique et social se multiplient[1]. Dans ce contexte, le déploiement d’une réflexion éthique capable d’éclairer les prises de décision collective et individuelle semble nécessaire.

Cette réflexion peut s’incarner dans une pluralité d’approches. De façon générale, l’éthique a trait aux manières de vivre ensemble. Elle invite à examiner les pratiques sociales à l’aune de leur capacité à façonner des sociétés désirables, propices à l’émancipation et à l’épanouissement de ses membres. Dans son versant critique, l’éthique renvoie aussi à un travail d’identification des torts commis, des injustices subies et des dénis de reconnaissance dont souffrent des individus, des communautés ou des types d’êtres vivants. L’éthique environnementale a pour spécificité de mettre au centre de ces analyses les interdépendances entre humains et autres qu’humains et les préjudices subis par ces derniers liés à certaines activités humaines. A partir de la compréhension de l’histoire longue des co-évolutions entre les espèces, elle invite à envisager des formes de cohabitation plus respectueuses de la diversité du vivant, des animaux, des plantes, des micro-organismes, des milieux.

L’éthique environnementalereprésente des enjeux scientifiques, mais aussi sociétaux essentiels. Elle se rapporte à une diversité de pratiques et à leurs transformations en vue d’atteindre des objectifs sociaux et environnementaux, par exemple dans le domaine de l’agriculture, de la gestion et de la protection de la « nature » (biodiversité, géodiversité), mais aussi de l’habitat, de la mobilité, de la santé et de l’énergie. Cet atelier se propose en particulier de faire un état des lieux critique de la prise en compte de l’éthique (des éthiques) dans les pratiques et questions de recherche et d’évaluer ses capacités à répondre aux défis environnementaux.

Les thèmes suivants, non exhaustifs, pourraient être abordés : Comment l’éthique peut-elle servir d’aiguillon critique pour se repérer dans l’Anthropocène[2], en termes de responsabilités engagées et de vulnérabilités des différents groupes sociaux ?  Quelle place pour l’éthique dans la « science de la durabilité » et face aux défis des changements transformateurs ? Une écologie de la réconciliation société-nature est-elle possible ? Comment tenir compte de la diversité des points de vue humains et autres qu’humains pour inventer des cohabitations interspécifiques plus justes et quelle autonomie pouvons-nous reconnaître aux animaux, aux plantes ou aux dynamiques écologiques ? Face au « solutionnisme technologique » et à ses nombreux avatars (modification du génome, viande cellulaire, géo-ingénierie, technologie de l’information et de la communication, etc.), que peut l’éthique ? Comment concilier la disparité des regards et des normes bioculturelles ? Comment décoloniser la recherche sur la biodiversité et les savoirs traditionnels ? Quelle place accorder à l’éthique environnementale dans la formation des citoyens et des chercheurs de demain ?

Cet atelier entend rassembler des chercheurs des sciences du vivant et des sciences sociales aux prises de différentes manières avec ces questions éthiques afin d’en éclairer la compréhension et de dégager des pistes d’actions collectives.

 

Mots clés : Éthique environnementale ; Diversité bioculturelle ; Science de la durabilité ; Solutionnisme technologique ; Anthropocène/Capitalocène

 

CS INEE :  Sylvie Guillerme, Soizic Prado

CNRS-INEE : Agnès Mignot, Agathe Euzen

 

CONSULTER LES CONTRIBUTIONS : https://prospectives21.sciencesconf.org/browse/session?sessionid=63857



[1] Voir par exemple : CDB, 2020. Global Biodiversity Outlook 5. https://www.cbd.int/gbo5 ; Dasgupta P., 2021. The Economics of Biodiversity – The Dasgupta Review. https://www.gov.uk/government/publications/final-report-the-economics-of-biodiversity-the-dasgupta-review ; IPBES, 2020. Workshop on biodiversity and pandemics - Executive Summary. https://ipbes.net/sites/default/files/2020-11/20201028 IPBES Pandemics Workshop Exec Summ Laid Out Final.pdf ; UNEP, 2021. Making Peace with Nature: A scientific blueprint to tackle the climate, biodiversity and pollution emergencies. https://www.unep.org/resources/making-peace-nature

[2] Bonneuil, C., & Fressoz, J. B. (2013). L'événement Anthropocène: la Terre, l'histoire et nous. Paris. Seuil.

 

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